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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 09:53
Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson

Sombre année 2014 pour le randonneur et écrivain Sylvain Tesson qui perd sa mère en mai et tombe d'un mur à Chamonix en août, chute de huit mètres qui lui brise les côtes, les vertèbres et le crâne et dont il sort quelques mois plus tard avec une paralysie faciale, la colonne cloutée de vis et des douleurs intenses dans le dos. Les médecins lui recommandent de se "rééduquer". Pour le marcheur inlassable, qui a parcouru une partie de la planète, cela signifie ni plus, ni moins : ficher le camp et reprendre la route ou plutôt les chemins noirs dans une campagne de silence, de sorbiers et de chouettes effraies. Lui qui connaît Samarkand, les forêts de Sibérie, l'Himalaya, les steppes russes et a pu mesurer l'immensité du monde, ce voyage de rééducation physique et morale se fera en France pour la simple raison que sur son lit de douleur, il s'était promis : "Si je m'en sors, je traverse la France à pied par les routes buissonnières, les chemins cachés, bordés de haies" - là où il existe encore une France secrète, ombreuse et protégée du vacarme des grandes agglomérations. 

 

Son départ se fera au col de Tende vers le Mercantour, puis il traversera le Verdon, le Comtat-Venaissin, l'Aubrac, le Cantal, le Limousin, la Creuse, l'Indre, la Champagne mancelle, la Mayenne pour gagner le Cotentin et achever son périple dans les genêts et les cardères du cap de la Hague dans "une aube fouettée de mouettes". Voici donc un voyage, né d'une chute, qui a permis à Sylvain Tesson de solder ses comptes et d'oublier ses infortunes. Une France traversée pour y trouver remède et oubli et dont le circuit lui réapprend à goûter les odeurs, les aubes, le ruissellement des bois, les hautes prairies et lui enseigne qu'un jardin est en mesure de fonder un système de pensée et qu'un insecte est une clef digne de la plus noble joaillerie pour ouvrir les mystères du vivant. Durant ce parcours, il dormira souvent au pied d'un arbre, dans une combe moussue à la belle étoile ou dans un petit hôtel de village peuplé de vendangeurs. "Ainsi d'une connaissance parcellaire accède-t-on à l'universel" - souligne l'écrivain-randonneur. "Je sommais les chemins noirs de me distiller encore un peu de leur ambroisie". Grâce à eux, le marcheur retrouve non seulement le souffle mais l'inspiration, "la substance des choses, la musique du silence, l'odeur du tanin, le charme de la vie rurale, la musique des objets, la promesse des soirées piquées de lampions". "Ce dont j'étais le témoin" - écrit-il - "dans l'odeur doucereuse des filets aurifères, c'était la cousinage entre les princes de la vie et les paysans de la terre, cette fraternité d'enluminure pas encore fracturée par la lutte sociale. Un rêve romantique en somme".

 

Sylvain Tesson n'a pas prié Dieu de l'aider - il est agnostique - mais il l'a demandé aux sentes qui se perdent afin de nous permettre de nous retrouver : "Il était difficile de faire de soi-même un monastère mais une fois soulevée la trappe de la crypte intérieure, le séjour était fort vivable." Il y a, certes, des milliers de manières de fuir le monde : "Port-Royal était la façon la plus noble ; le monastère cistercien, la plus aisée ; le cabinet d'étude, la plus modeste ; l'atelier d'artiste, la plus civilisée ; le refuge de montagne, la plus hédoniste ; la grotte d'ermite, la plus doloriste ; la bergerie dans les alpages, la plus romantique ; la cabane dans les bois, la plus juvénile ; le fortin colonial, la plus classe".

 

Selon l'écrivain, toute longue marche a ses airs de salut. On se met en route, on avance en cherchant des perspectives dans les ronces ou, mieux encore...en soi. "On trouve un abri pour la nuit, on se rembourse en rêves des tristesses du jour". On élit domicile dans la forêt, on s'endort bercé par les chevêches ou le bruissement des feuillées," on repart le matin électrisé par la folie des hautes herbes, on croise des chevaux. On rencontre des paysans muets".  Avec ce livre, Sylvain Tesson, marcheur philosophe, nous donne la meilleure médecine pour nombre de nos maux et nous met en garde contre le danger le plus inquiétant qui soit : la modernisation effrénée qui met en péril nos paysages et nos âmes.  
 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 09:21
Le mystère de la Joconde en partie dévoilé

 

Etudiant le tableau de la Joconde, Pascal Cotte, ingénieur français et fondateur de la société Lumiere Technology, a découvert un portrait caché derrière celui de Mona Lisa. Cinq siècles après sa conception, la Joconde de Léonard de Vinci, tableau le plus célèbre du monde, n’en finit pas de fasciner. Nombreux sont ceux à avoir tenté d’en déceler les secrets. Or, Pascal Cotte semble en passe d'élucider le mystère ou, du moins, une partie essentielle. Sa découverte a donné lieu à une émission passionnante sur Arte samedi 21 janvier 2017, dirigée par Andrew Graham-Dixon, où le spécialiste explique avoir identifié le portrait d’une autre femme caché sous le sourire énigmatique de la Joconde. Une analyse multispectrale est à l’origine de cette découverte.  L’incroyable conclusion découle de six années de recherche. Durant tout ce temps, Pascal Cotte a étudié le tableau dans ses moindres détails en utilisant une technique connue sous le nom de Layer Amplificator Method (LAM), littéralement "méthode des couches augmentées". La technique consiste à projeter sur l’œuvre d’intenses faisceaux de lumière dans 13 différentes longueurs d'onde, afin de mesurer les quantités de lumière renvoyées. Les mesures, effectuées à l’aide d’un posemètre, ont révélé les couches pigmentaires utilisées par Léonard de Vinci. "Nous pouvons maintenant analyser exactement ce qui se passe à l'intérieur des couches de la peinture et nous pouvons les peler comme un oignon » - explique Pascal Cotte. « Nous pouvons reconstruire ainsi toute la chronologie de la création du tableau"- ajoute-t-il. En effet, les résultats indiquent la présence de quatre phases différentes ou images sous la surface de la Joconde. Parmi celles-ci, la troisième image est le portrait d’une femme qui n’est pas la Mona Lisa du Louvre. D'apparence plus jeune, cette dernière présente des traits plus fins, un regard dans le vide et n’affiche aucun sourire. "Je me suis trouvé face à un portrait totalement différent de la Mona Lisa d'aujourd'hui. Ce n'est pas la même femme"- poursuit-il. Selon lui, il pourrait s'agir de la véritable Lisa Gherardini, la jeune femme  qui aurait servi de modèle à Vinci. Une hypothèse qui remet en question l'identité de Mona Lisa. « Ces résultats font exploser en éclats de nombreux mythes et changent notre vision du chef-d’œuvre » - souligne  l’ingénieur qui avoue ne pas être capable de déterminer à quel intervalle de temps les deux œuvres ont été peintes. Pour d’autres spécialistes, en revanche, ces conclusions sont à tempérer. Certains ont d’ores et déjà émis de vives critiques à l’encontre des travaux de Pascal Cotte, dont les résultats n’ont  pas encore été soumis à une évaluation par ses pairs, processus standard permettant de vérifier leur véracité. De même l'interprétation qu'en fait le spécialiste ne fait pas l’unanimité. "Une apparence différente n’induit pas forcément l’hypothèse qu’il s’agit de deux personnes différentes" - suggère Claus-Christian Carbon, chercheur allemand et auteur d’une étude stéréoscopique du tableau. "Je suis assez sceptique, parce que l'hypothèse la plus simple est toujours la meilleure, je pense, c'est juste que le portrait a changé un peu". Divers chercheurs ont également appuyé la théorie selon laquelle les deux portraits retraceraient en réalité l’évolution de Mona Lisa. Il est courant qu’un artiste peigne une seconde version et réalise des modifications jusqu’à ce qu'il puisse atteindre le résultat final voulu  par le commanditaire du tableau. Il est vrai que Léonard commençait toujours par une esquisse et qu’il ne cessait de gommer certains éléments pour passer d’une étape à une autre. Ainsi élaborait-il ses tableaux couche par couche.

 

Ces révélations remettent néanmoins tout en question. Il y a 500 ans, un homme a peint une femme et a mis dans cette œuvre tout son génie. Or, à l’époque, on sait que Vinci était davantage passionné par ses recherches d'ingénieur que par l’exécution de commandes de portraits officiels, ceux des personnalités en vue à Florence, comme on le lui réclamait. Alors pour quelles raisons aurait-il accepté de faire celui de la fille d’un artisan, mariée à un marchand, Francesco del Jocondo, un homme peu affable de surcroît. Est-ce parce que le père de Lisa demeurait dans une maison juste en face de celle du père de Léonard, notaire à Florence ? Peut-être, cet artisan, ami de son père, avait-il rendu des services à la famille et Léonard a-t-il voulu faire plaisir à sa fille ?  Toujours est-il que Lisa n’était pas une grande dame. Et est-ce vraiment la version découverte par Pascal Cotte qui est la vraie Lisa, alors que celle du Louvre en serait une autre ? En effet, la première esquisse représente une femme plus jeune, moins mystérieuse, qui ne sourit pas et pose comme le ferait n’importe quelle jeune femme, irradiant moins de mystère et plus de naturel. Autre fait curieux, ce tableau n’a jamais été entre les mains du couple, Léonard de Vinci l’ayant toujours conservé par-devers lui, pour le reprendre ensuite et exécuter la Joconde que nous connaissons. Alors, pourrait-il y avoir plusieurs Joconde ? Car il existe également  la Mona Lisa de Isleworth, œuvre de jeunesse de Vinci représentant une femme plus jeune également et dont les experts ont reconnu qu’elle était de la main du grand peintre. Ce portait-là était-il la version définitive qui fut remise au mari de Lisa ?  On sait aussi que Raphaël a dessiné une esquisse d’après la Joconde qu’il avait vue dans l’atelier de Léonard et qui avait dû le frapper pour qu’il en reproduise le visage et, ce visage-là, est curieusement celui qui apparaît comme la première version, celle découverte par l’ingénieur Pascal Cotte sous l’officielle Joconde du Louvre. Mais qui est alors la Joconde que nous connaissons et que Léonard a eu soin d’emporter avec lui en France lorsqu’il a été invité à s’y installer par François Ier ?

 

Pascal Cotte suppose que Léonard a réalisé sur ce même support, qui avait servi à la première esquisse du portrait de la jeune Lisa, l’épouse de Francesco, une œuvre plus mâture commandée par son protecteur italien Julien de Médicis et qui représenterait une femme mythique, un amour inoublié du prince auquel Vinci a souhaité conserver la pose délicate de la jeune Lisa, avec ses mains posées l’une sur l’autre et cette interrogation dans le regard. Cette œuvre frappe d’autant plus qu’elle est l’incarnation du savoir, tout ce que Vinci avait découvert, au fil des années, sur la nature humaine et sur l’univers. Ainsi, postérieure à l’œuvre initiale, elle représente l’aboutissement et la conclusion d’une quête permanente, celle d’un génie qui n’a cessé de questionner l’être et le monde.

 

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La Joconde d'Isleworth

La Joconde d'Isleworth

Le portrait trouvé sous la Joconde du Louvre, peut-être Lisa del Jocondo née Gherardini.

Le portrait trouvé sous la Joconde du Louvre, peut-être Lisa del Jocondo née Gherardini.

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13 janvier 2017 5 13 /01 /janvier /2017 08:59
L'hiver des poètes

Comment l'ont-ils chanté l'hiver et sa blancheur silencieuse, ses ramures défeuillées et sa bise maligne qui siffle dans les branches, nos chers poètes ? La blancheur cristalline, le givre qui immobilise les paysages, l'oiseau en peine de nourriture, ont-ils inspiré leurs plumes vagabondes ? Oui, je m'en suis assurée et voici quelques-unes de ces mélodies douces qui disent la plaine blanche, immobile et sans voix et requièrent si bien la leur...

 

 

 


NUIT DE NEIGE


La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.


Guy de MAUPASSANT

 


Ah! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ah ! la douleur que j'ai, que j'ai !

Tous les étangs gisent gelés.
Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses.
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du génévrier.


 Emile NELLIGAN


 


LA MORT DES OISEAUX
 

Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois
A la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,
Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l'hiver !
Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d'avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

 

 

François COPPEE

 

 


LES NEIGES d'ANTAN
 

Dites-moi où, et en quel pays,
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, ni Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu'humaine
Mais où sont les neiges d'antan?

Où est la très sage Héloïse,
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Abelard à Saint-Denis?
Pour son amour eut cette essoine.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fut jeté en un sac en Seine?
Mais où sont les neiges d'antan?

La reine Blanche comme lys
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris, Alis,
Haremburgis qui tint le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils, où, Vierge souveraine?
Mais où sont les neiges d'antan?

Prince, n'enquerrez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu'à ce refrain ne vous remaine:
Mais où sont les neiges d'antan?

 

François VILLON

 

 

 

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L'hiver des poètes
L'hiver des poètes
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13 décembre 2016 2 13 /12 /décembre /2016 09:34
Ma lettre au Père Noël 2016

Cher Père Noël,

 

Il m'arrive de me demander si, par hasard, tu n'aurais pas pris ta retraite sans prévenir personne et  si, lassé de voir la planète se déchirer en permanence, tu ne te serais pas enfui vers des cieux plus cléments ? Néanmoins, je tente encore de t'écrire cette lettre que je confie à la bonne grâce de quelque pigeon voyageur, de quelque oie sauvage, de quelque oiseau migrateur qui connaissent mieux que moi les voies rapides du firmament. Vois-tu, j'avais une idée à te proposer cette année car tu sais bien qu'il n'est pas question que je charge davantage ta lourde hotte en te réclamant des cadeaux pour mes petits-enfants. Ma suggestion est simple : celle que tu te refuses à gâter qui que ce soit, même le plus adorable, le plus tendre, le plus sage des enfants, tant que des bombes iront en tuer des milliers dans certains pays. Oui, pas de gâteries pour les uns alors que les autres voient tomber du ciel une mort cruelle !

 

Sans doute mon idée rejoint-elle la tienne et hoches-tu du chef en te disant intérieurement que prendre ta retraite signifierait que tu éteins la dernière étincelle de merveilleux qui subsiste dans l'univers ? Mieux vaut que tu te contentes de faire grève aussi longtemps que le bruit des armes retentira, semant la mort alentour. Trêve de Noël ou mieux que cela : sainte colère face à l'inadmissible cruauté qui inspire aux hommes des actes barbares. 

 

Ta hotte restera probablement vide en ce mois de décembre 2016. Je te suppose blême de rage et invitant tes rennes à un repos partagé jusqu'à nouvel ordre, confiant  aux parents le soin d'assumer eux-mêmes le Noël de leurs petits. "Où sont mes frères, mes amis, mes semblables" - te désoles-tu - "dans ce monde fracturé de toutes parts ?" Je ne doute pas qu'une larme de mélancolie glisse au long de ta joue. Cher Père Noël, je t'embrasse en souhaitant que le monde devienne meilleur et que tu nous reviennes l'an prochain avec la "petite espérance" blottie sur ton épaule.

 

Armelle

 

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Lettre au Père Noël 2017

Lettre au Père Noël 2015

Lettre au Père Noël 2013

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Ma lettre au Père Noël 2016
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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 09:33
Les couleurs du temps - Une fin d'automne
Les couleurs du temps - Une fin d'automne

 

Pour moi  l’hiver commence fin novembre. La raison en est que les couleurs, les lumières ont cessé de se nuancer. Après avoir vibrées, elles se figent. Désormais, nous ne sommes plus dans l’éclat mais la matité. Regardez comment les paysages se définissent d’un trait plus sombre, plus net, comment les ciels se dépouillent, tantôt nus et sans relief, tantôt voilés d'obscurité et si proches de la terre qu’ils semblent s’y attarder. Finis les orages et leurs violences, les ciels parés comme des femmes ; tout s’est soudainement dégarni ou altéré entre les filets puissants des brouillards qui posent leur mystère alentour. On avance dans un monde qui a changé de nature, s’est approprié le silence, se décline dans les tons neutres et cependant d’une subite acuité au point que, contemplant le littoral, j’aperçois, non plus mêlé et comme enlacé mais soudain pétrifié, le double relief de la mer et du ciel.

 

 

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Il fait bon rentrer chez soi, retrouver l’âtre et le feu, prévoir le long hiver qui enveloppera chaque chose dans sa parure de neige. Les jours se sont engrisaillés, ils tournent court dès 17 heures alors qu’un soleil blanc s’empresse à nous quitter. On a repris le goût des soirées autour d’un pot au feu et d’une soupe épaisse, des parties de cartes après dîner et des fêtes qui vont se succéder et seront essentiellement familiales dans l’attente de Noël. Déjà les villes s’activent à s’enjoliver dans un halo de lumière artificielle afin de compenser celui qui a choisi de regagner sa pénombre hivernale. Mais ne soyons pas tristes, il y a là une occasion providentielle à entrer en soi, à regarder ce qui nous entoure d’un œil confiant, à surprendre les couleurs gagnées d’une subite retenue ; oui, c’est cela, la nature nous invite à la méditation, nous incite au recueillement. Il règne autour de nous une concentration salutaire. L'hiver proche, c'est la saison de la contemplation intérieure.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 09:42
L'animal est une personne de Franz-Olivier Giesbert

 

« Si j'ai écrit ce livre, c'est pour tirer les leçons d'une vie passée avec les animaux depuis la petite enfance, à la ferme, puis en ville. Au fil des pages, je vous parlerai de plusieurs de mes amis auxquels, si grands soient mes hommages, je ne pourrai jamais rendre les bonheurs qu'ils m'ont donnés, avec leur candeur et leur humour : un jeune bouc, un vieux perroquet, des chats, des araignées, des bovins ou des chiens.
Pourquoi traitons-nous avec tant d'égards les animaux de compagnie, substituts de l'homme, et si mal les bêtes à manger, machines à fabriquer de la viande ? Alors que nous consommons chaque année des milliards d'animaux issus de la terre et de la mer, il est temps que nous descendions de notre piédestal pour les retrouver, les écouter, les comprendre.
J'ai voulu aussi lancer un appel pour que cesse le scandale des abattages rituels, halal ou casher, qui imposent à nos sœurs et frères les bêtes des mises à mort dans d'inutiles souffrances. »

 

Oui, en sortant «  L’animal est une personne », Franz-Olivier Giesbert réclame ni plus ni moins des droits pour nos amis les bêtes et dénonce la cruauté de l’abattage rituel qui règne en maitre sur notre pays. Cet ouvrage ne pouvait que m’enchanter et touchera un vaste public sensibilisé lui aussi à la cruauté qui sévit encore en ce début de XXIe siècle à  l’intention de la gent animale.

Mais écoutons-le parler et nous donner les raisons qui  l’ont incité à pousser ce cri d’alarme, et à se faire l’avocat d’un monde privé de parole mais non de sensibilité et d’intelligence.

 

« Je suis végétarien depuis que j’ai 18 ans. Longtemps, je ne le fus pas à 100%. Je faisais beaucoup d’écarts ou de compromis pour ne pas froisser mes hôtes mais, avec le temps, j’ai tendance à devenir plus radical. Sans être prosélyte, je refuse toute viande depuis des années. Quant aux poissons, à cause des études scientifiques de la dernière décennie, qui montrent leur intelligence et leur sensibilité, je n’en mange pratiquement plus. L’homme est-il carnassier de nature ? Nullement. Tout comme chez les frugivores, son appareil digestif est une dizaine de fois plus long que son corps, loin devant les carnivores ou les omnivores, et ses canines arrondies, ses molaires aplaties ainsi que ses enzymes salivaires sont particulièrement adaptés à une alimentation qui devrait être seulement végétale. Mais rompu à la chasse et à la pêche, puis à l’élevage, il a décidé de hiérarchiser la mort des autres espèces. Si les animaux de compagnie sont épargnés, rien de tels pour les bovidés, ovidés, caprins et volailles. Et tout ce monde-là se retrouve dans nos assiettes, et il convient de s’interroger sur le modus operandi de cette sanglante affaire…

 

L’élevage industriel, d’abord, est une horreur. On sait ce que valent ces fermes et ces interminables hangars confinés où l’on bourre les animaux d’antibiotiques, où l’espace vital est si rare que leurs squelettes en sont affectés, où la captivité est si atroce que ces pauvres êtres déplumés, pelés, aux becs rognés, ou à qui l’on arrache les dents pour éviter qu’ils ne s’entre-déchirent, ne savent plus distinguer la nuit du jour. Je conçois qu’on puisse élever des bêtes pour les manger, mais à des conditions décentes, en plein air, et qu’on les tue sans douleur. L’abattage ne doit pas être cette boucherie infernale où l’homme retourne aux temps les plus obscurs de la barbarie.

 

 

Il y a une quinzaine d’année, le halal comme le casher étaient totalement marginaux. Peu à peu, le halal s’est développé, provoquant une tragique régression du système. Et tout cela sous couvert de mensonges : la bête ne souffrirait pas et la viande serait meilleure. Rien de plus faux. Qui tue mal, mangera mal, car la bête affolée fabrique des toxines. Lorsqu’elle est enfermée dans un cylindre pivotant afin que sa tête se retrouve en bas pour un égorgement à vif, sans anesthésie, le stress est maximal. Les bovins particulièrement, de par leur morphologie  artérielle et  veineuse, mettent très longtemps à mourir.  Mais on commence déjà à les sortir, à leur trancher les pattes pour les dépecer vivants. Notre société toute  entière est responsable de cet immonde état de fait. Ce que l’Europe du Nord et des pays tels que la Nouvelle-Zélande interdisent, la France, patrie des droits de l’homme, mais assurément pas des animaux, l’autorise en fermant les yeux.  Le halal, qui s’oppose à l’étourdissement électrique, règne aujourd’hui en maître sur nos abattoirs. On y patauge dans l’horreur, le sang et la souffrance. Alors que la demande de viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10% des abattages totaux, on estime à 40% pour les bovins et 60% pour les ovins le volume des abattages rituels. C’est absolument intolérable dans un pays laïc. Ainsi produisons-nous des marées de bovins, d’ovins, les yeux exorbités, les pattes tremblantes dans la merde répandue au sol par les intestins relâchés par la peur, et crevant dans la douleur. A quand des abattoirs « humains », rituels ou non, pratiquant l’électronarcose ? A quand la fin de notre lâcheté, de notre avidité, de notre ignorance, de notre vanité, et la prise de conscience que l’homme a été fait pour le monde et non le monde pour l’homme ?

 

 

Oh ! je ne suis pas le seul à être sensibilisé à cet état de choses. Je peux le vérifier sans cesse, en écoutant, par exemple, les plongeurs sous-marins raconter leurs rencontres avec des mérous, poissons qui cherchent souvent à nouer le contact. J’ai vécu à Porquerolles, un vrai dialogue de regards et de caresses. On évoque l’intelligence des dauphins, mais les poulpes ne leur cèdent en rien : leurs capacité d’apprendre est foudroyante, et les scientifiques se demandent ce qui se passerait s’ils vivaient plus longtemps que les cinq ans qui constituent la moyenne de leur espérance de vie. Si elle varie selon les espèces, l’intelligence animale est une donnée scientifique de plus en plus aveuglante, tous les travaux concordent.

 

Elle a pourtant été niée pendant des siècles par l’Occident. Selon la conception monothéiste, Dieu aurait créé l’homme à son image et, à sa suite, les animaux et les plantes pour qu’il s’en repaisse. Décliné en philosophie, ce point de vue dominateur et utilitariste donne la théorie cartésienne ridicule et bouffonne de l’animal-machine qui ne réagirait que par réflexe. L’un des legs de notre grand philosophe aura donc été de rayer l’animal du monde des vivants. Pour lui, les bêtes étaient comparables à des horloges. Pour Kant, à des pommes de terre. C’est ainsi que le théologien cartésien Malebranche a un jour donné un coup de pied dans le ventre d’une chienne qui attendait des petits. Alors que la bête hurlait de douleur, il dit à Fontenelle, sidéré : Quoi, ne savez-vous pas que cela ne sent point ?"

 

Aujourd’hui, il y a, hélas, trop de disciples de Descartes et de Malebranche dans le monde. Ce sont eux que mon livre interpelle. Ils croient que le monde tourne autour des humains, qui surplomberaient la nature. Je mets aussi en question l’hypocrisie générale de nos sociétés où l’on milite contre la chasse et la corrida, voire le cirque, en refusant de voir ce qui se passe dans nos abattoirs. L’horreur est tolérable dès lors qu’elle n’est pas visible. C’est la définition même de la tartuferie : «  Cachez ce sang que je ne saurais voir. »

 

 

« L’animal est une personne » de Franz-Olivier Giesbert  ches FAYARD   -  198 pages   -   16 euros

 

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Ils viennent de naître mais déjà en route pour l'abattoir.

Ils viennent de naître mais déjà en route pour l'abattoir.

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10 septembre 2016 6 10 /09 /septembre /2016 08:51
Journal d'une Verviétoise des Boulevards d'Edmée de Xhavée
Journal d'une Verviétoise des Boulevards d'Edmée de Xhavée

Les éditions Irezumi  ont eu l’intelligente initiative de créer une collection qui a pour ambition d’aborder, sous diverses formes, « Les expériences de vie ». L’ouvrage d’Edmée de Xhavée « Journal d’une Verviétoise des Boulevards », le troisième publié par cette maison a pour objet de nous conter, d’une plume alerte et précise, le vécu d’une grand-mère paternelle, la charmante Suzanne Houben, plus souvent appelée le petit Zon, née en 1893 et décédée en 1943 à l’âge de 50 ans. Une vie qui se déroule en grande partie dans le lieu familial de Verviers, en Belgique, en ces années agitées par deux terribles guerres. Ce travail lui a été inspiré par le journal que son aïeule s’était appliquée à rédiger de 1908 à 1943, journal où elle retrace avec simplicité une existence quotidienne tressée étroitement avec les grands événements de l’Histoire.

 

 

Cette évocation est un pur enchantement. Toute une époque surgit de ce canevas serré où la douce et primesautière jeune fille se fiance, se marie, s’installe momentanément en Uruguay avec son époux, devient mère d’un unique fils, le père d’Edmée, puis revient au pays natal pour y vivre la seconde guerre où son mari reprend du service comme officier et sera fait prisonnier par les Allemands, avant de la rejoindre très vite dans l’éternité. (1943 –1944)

 

 

Jeune fille attachante, femme verticale, Suzanne était de celles qui font face, savent composer avec la réalité et les épreuves, coudre à petits points une vie sage et probe, favoriser les amitiés fidèles, élever avec tendresse et fermeté son enfant, entretenir en usant de mille intentions les liens familiaux et apprécier tout ce qui relève de la culture, une culture favorisée par de nombreux voyages. En somme une vie lumineuse au cœur d’une bourgeoisie aimablement installée, sans faux pas, conduite avec grâce et droiture, texte que l’on partage avec d’autant plus de plaisir que l’on y contemple avec émotion un passé qui a la matité de ces photos anciennes à peine jaunies par le temps. Immersion dans ces existences qui nous ont devancés et ont contribué à nous faire ce que nous sommes, passé qui fortifie notre présent et coopère à sa pérennité en fixant, dans une actualité permanente, les grandes heures de jadis. A coup sûr, un beau livre.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 08:43
La galerie des carrosses de Versailles

Le château de Versailles s’est enrichi récemment d’une exposition supplémentaire : celle des carrosse qui se tient dans la Grande Ecurie Royale, offrant aux yeux des visiteurs un ensemble somptueux de quelques-unes des merveilles sorties des mains des artisans de la Cour. C’est vers 1665, sous le règne de Louis XIV, qu’apparaissent les premières voitures modernes en France. La collection de Versailles, l’une des plus importantes d’Europe, ne se contente pas de nous dévoiler les voitures de voyage mais également celles de gala, richement décorées qui contribuèrent à la splendeur des grandes cérémonies de l’Histoire : baptême, mariage, sacre, funérailles. Certains de ces carrosses sont de véritables chefs-d'oeuvre. La plupart ont été malheureusement détruits à la Révolution comme tant d'autres oeuvres d'art, mais l’Empire et la Restauration ont eu à coeur de renouer avec les carrosses d'apparat, ceux présentés ici et remis en état par l'industrie des pneumatiques Michelin. En 1872, les carrosses céderont la place aux voitures hippomobiles de la Présidence, certes plus sobres mais moins élégantes.
 

 

Désormais sont réunis à la Grande Ecurie royale de Versailles quelques-uns des carrosses rénovés ou reconstruits pour accompagner les grandes heures de l’empire. Ils ont été utilisés le 2 avril 1810 pour le mariage de Napoléon  avec Marie-Louise d’Autriche. Ce jour-là, 40 berlines de grand luxe et plus de 240 chevaux descendront les Champs-Elysées jusqu’au jardin des Tuileries. Comme les rois avant lui, l’Empereur  manifeste son pouvoir et sa puissance par la grandeur et la beauté du cortège. Il veut surtout faire mieux que les précédents rois puisque, pour ce type d’événement, les Bourbons n’utilisaient que 30 carrosses.

 

 

Dix années plus tard,  il ne fallut  pas moins de douze jours de fête pour célébrer le baptême du duc de Bordeaux, seul et dernier héritier des Bourbons, dont la naissance inespérée le 29 septembre 1820 suivait de cinq mois l’assassinat de son père le duc de Berry au pied des marches de l'Opéra de Paris. Le baptême de celui qui refusera le trône de France au motif qu’il ne pouvait se rallier  au drapeau tricolore et passera à la postérité sous le nom de Comte de Chambord, est célébré en grande pompe : 27 carrosses forment le cortège, précédés et suivis de la garde royale à cheval. Au centre, la berline avec l’enfant, placé sur les genoux de sa gouvernante, aux côtés de sa sœur mademoiselle d’Artois. Le bébé représente l’avenir de la royauté, il est le petit- fils du comte d’Artois qui a succédé à ses frères Louis XVI et Louis XVIII et a accédé au trône sous le nom de Charles X. C’est la raison pour laquelle on a donné à son baptême un tel faste.

 

Le carrosse du sacre et du mariage impérial.
Le carrosse du sacre et du mariage impérial.Le carrosse du sacre et du mariage impérial.

Le carrosse du sacre et du mariage impérial.

C’est toutefois avec le sacre de Charles X que la pompe  atteint des sommets. Après la Révolution et l’Empire, le nouveau monarque veut renouer avec les splendeurs du Roi-Soleil lui-même. La cérémonie se déroule en 1825 dans la cathédrale de Reims et le carrosse, conçu pour l’occasion, est si extraordinaire qu’il fait le voyage à Reims protégé dans une housse de toile avec des roues spéciales et moins ouvragées pour le temps du transfert. L’inhabituelle richesse des ornements de bronze en faisait un véhicule très lourd (près de 4 tonnes). Il resservira une ultime fois en 1856 lors du baptême du fils de Napoléon III. Les signes royaux sont alors remplacés par les emblèmes impériaux.

 

 

L’exposition nous permet de voir également des chaises à porteurs, de magnifiques traîneaux aux formes fabuleuses, uniques témoins de l’Ancien Régime avec la petite berline de Louis-Joseph, le premier enfant de Louis XVI et de Marie-Antoinette mort en 1789, où l’enfant malade prenait place afin de se promener un peu dans le parc de Versailles. Ainsi que la berline du futur Louis XVII, le second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette  que tirait deux animaux, sans doute des poneys, et que le petit garçon, qui mourra au Temple dans des conditions affreuses, se plaisait à conduire. C’est  bien entendu en hiver que les traîneaux étaient utilisés, lorsque la neige faisait son apparition au cours d’hivers rigoureux. Et ils furent nombreux. Ainsi le roi et ses courtisans faisaient-ils des courses dans le parc de Versailles. Louis XV conduisait le sien à vive allure, si bien que les duchesses avaient peur de monter à ses côtés. Plus tard la reine Marie-Antoinette organisera de grandes promenades agrémentées de collations. D’ailleurs, Versailles était la seule cour d’Europe où les femmes pouvaient conduire elles-mêmes leurs traîneaux.

 

 

La fabrication d’un carrosse impliquait la participation d'un grand nombre d'artisans. Le carrossier était en charge de la réalisation complète de la voiture, mais il travaillait en association  avec un dessinateur en voitures, un menuisier, un charron, un sculpteur, un peintre, un doreur, un serrurier, un miroitier, un lanternier  et un bourrelier. Au total, 25 corps de métiers se succèdaient. Leur savoir-faire était tel que du XVIIe au XIXe siècle, la qualité et l’élégance de la carrosserie française seront célèbres dans toute l’Europe.

 

Détail des roues, chaise à porteurs et carrosse funéraire. Il a servi une ultime fois pour les obsèques du président Félix Faure.
Détail des roues, chaise à porteurs et carrosse funéraire. Il a servi une ultime fois pour les obsèques du président Félix Faure.
Détail des roues, chaise à porteurs et carrosse funéraire. Il a servi une ultime fois pour les obsèques du président Félix Faure.

Détail des roues, chaise à porteurs et carrosse funéraire. Il a servi une ultime fois pour les obsèques du président Félix Faure.

Quant au nombre des chevaux attelés, il est également un signe de pouvoir et de prestige. Le roi attèle toujours 8 chevaux, la reine n’en utilise que 6… Mais seuls les deux premiers, les plus proches de la voiture, tirent la charge. Les autres ne sont là que pour la magnificence. D’un règne à l’autre, le nombre de chevaux dans les écuries royales ne cessera de croître : de 382 en 1684, on passe à 700 en 1715 et à plus de 2 000 en 1787. Les Ecuries Royales abritent aussi l’Ecole des Pages, où de jeunes nobles, désignés par le roi, s’exercent avant de devenir officiers de cavalerie, le corps le plus prestigieux de l’armée. Pour y entrer, il faut avoir 15 ans, mesurer moins de cinq pieds deux pouces (1m68), être bien fait de sa personne et fournir la preuve de sa noblesse qui est vérifiée par le généalogiste de la Cour. Aujourd’hui les écuries existent toujours. Créée en 2003 par Bartabas, soucieux de transmission artistique, l’Académie équestre de Versailles est un corps de ballet unique au monde. L’enseignement original associe le travail de dressage de Haute Ecole et diverses disciplines telles que l’escrime, la danse, le chant ou le Kyudo (tir à l’arc japonais). Les écuyers acquièrent une véritable sensibilité artistique. Le spectacle de répertoire « La voie de l’écuyer », chorégraphié par Bartabas évolue et s’enrichit chaque année de l’expérience des écuyers. Ouvertes tout l’été, les portes de ce lieu atypique « La Grande Ecurie du roi » offre aux visiteurs l’occasion de découvrir le travail de cette école des pages contemporains et d’assister à un spectacle d’une suprême élégance.

 

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La Grande Ecurie Royale et la calèche du dauphin Louis  XVII.La Grande Ecurie Royale et la calèche du dauphin Louis  XVII.
La Grande Ecurie Royale et la calèche du dauphin Louis  XVII.

La Grande Ecurie Royale et la calèche du dauphin Louis XVII.

Deux modèles de traîneaux.
Deux modèles de traîneaux.

Deux modèles de traîneaux.

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2 août 2016 2 02 /08 /août /2016 07:26
Eugène Boudin - Trouville

Eugène Boudin - Trouville

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Le port idéal pour Boudin, ce fut longtemps Trouville. Ses dimensions moyennes n'excluaient pas la présence d'une infinité de motifs, ceux de la mer, des bateaux et de la plage. Et, comme à Honfleur, il y avait le marché aux poissons et l'étagement de la ville en arrière-plan, sans oublier la présence des laveuses faisant " la buée" au bord de la Touques à marée basse. Et sans compter le ciel qui, mêlé aux reflets de l'eau, doublait ses mirages. Les oeuvres de Boudin, qui nous sont devenues familières, n'allaient pas de soi à l'époque. Les conventions voulaient que la bourgeoisie et l'aristocratie soient représentées dans des portraits solennels et non prises sur le vif dans les attitudes de la vie quotidienne, les jeux des enfants, les femmes assises avec naturel, leurs visages protégés par des ombrelles, devisant en toute simplicité avec leurs voisines. Voici comment les frères Goncourt le relatent dans leur journal :

"C'était la plage de Trouville par un beau jour d'août vers six heures du soir. (...) Là, sous le rose tendre et doux des ombrelles voltigeant sur les visages, les poitrines, les épaules, étaient assises les baigneuses de Trouville. Le pinceau du peintre y avait fait éclater, comme avec des touches de joie, la gaieté de ces couleurs voyantes qu'harmonise la mer, la fantaisie et le caprice des élégances nouvelles de ces dernières années, cette mode prise à toutes les modes, qui semble mettre au bord de l'infini un air de bal masqué dans un coin de Longchamp. (...) Puis, sur des chaises groupées et serrées, de pourpre et de blanc, ces taches franches, brutales, criardes, qui jettent leur vie et leur fête dans l'aveuglante et  métallique clarté de ces paysages sur le bleu dur du ciel, sur le vert glauque et froid de la Manche. Au loin, un vieux cheval ramenait au galop une cabine à flot ; plus loin encore, au-delà de la dernière "nau", avec cette touche nette et piquante de ton que l'horizon de la mer donne aux promeneurs microscopiques qui la côtoyent, se détachait une folle cavalcade d'enfants sur des ânes."

 

Ainsi, Boudin nous offrait-il avec ses comparses d'alors, Monet et quelques autres, un panorama séduisant de l’art de ce XIXe siècle qui voyait le goût des bains de mer et des paysages bucoliques prendre naissance et s’exprimer sur des toiles et aquarelles que la lumière transfigurait. Témoin du développement des stations balnéaires, notamment de Trouville et Deauville, Boudin n'hésitait pas à prendre pour modèle la population mondaine qui se réunissait alors sur les plages. Il espérait séduire ainsi une clientèle fortunée. Son approche, d’abord descriptive, évolue au milieu des années 1860 pour devenir plus atmosphérique. Le ciel, les effets de la lumière sur le sable prennent une importance croissante. Après 1870, Boudin semble saisir la vision fugitive d’un instant. "Le roi des ciels" comme le nommait son aîné Corot travaillait d'abord sur la lumière  normande si particulière dans ses dégradés de gris, variant quotidiennement d'instant en instant. Boudin n'a cessé d'observer les courants, les couleurs et de surprendre les atmosphères, voire les vents. Ne sommes-nous pas  déjà dans le pré-impressionnisme qui s’attarde sur l’atmosphère des lieux, la présence des êtres et des choses saisie dans leur quotidien ? Bien qu’il ait abandonné assez tôt le portrait, Boudin ne délaissera jamais les représentations des figures dont il multiplie les études dessinées et peintes. Même lorsque les silhouettes se fondent dans l’immensité du paysage, elles témoignent de la place prépondérante qu’occupe l’homme dans l’œuvre de l’artiste.

 

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Au salon de 1859, Baudelaire, dont la mère possédait un pavillon près de l’hôpital de Honfleur, écrira :

« J’ai vu récemment chez Mr Boudin plusieurs centaines d’études au pastel, improvisées en face du ciel et de la mer. (…) Plus tard, sans aucun doute, il nous étalera dans des peintures achevées les prodigieuses magies de l’air et de l’eau. Ces études, si rapidement et si fidèlement croquées d’après ce qu’il y a de plus constant et de plus insaisissable dans sa force et dans sa couleur, d’après des vagues et des nuages, portent toujours écrites en marge la date, l’heure et le vent, ainsi par exemple, 8 octobre, midi, vent de Nord-Ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pourriez vérifier par mémoire l’exactitude des observations de Mr Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l’heure et le vent. Je n’exagère rien. J’ai vu. A la fin, tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises beautés, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l’éloquence de l’opium. Chose assez curieuse, il ne m’arriva pas une seule fois devant ces magies liquides ou aériennes de me plaindre de l’absence de l’homme. »

 

Comment mieux décrire l’œuvre magique de Boudin toute en ciel et en liquidité, en lumière diffuse, en couleurs voilées comme si la fin du jour, les frémissements de l’automne posaient sur les paysages leur ardeur apaisée, leur troublante mélancolie, leur recueillement insistant. Non loin de là se trouvait l’auberge mythique Saint-Siméon  - devenue un 5 étoiles - qui a conservé le cachet d’antan, le charme de ces lieux où, du temps de la mère Toutain aubergiste accueillante, les peintres et les artistes aimaient à se réunir dans un décor mer/campagne qui devait être époustouflant de beauté. On imagine l’estuaire de la Seine d'alors avec ces vieux gréements, ces caravelles, voiles déployées, longeant les rives verdoyantes de la campagne normande. De nos jours, ce ne sont plus les peintres  en goguette qui hantent les lieux, mais les VIP de la politique et du spectacle. Ainsi en emporte le vent …

 

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Boudin, ce vagabond solitaire, a toujours aimé les espaces dégagés. Dans ce domaine, il reste inégalé. D’autres peintres ont travaillé également au bord de la Manche. Jongkind a cherché l’azur ou la lumière froide du matin ; Monet fut le peintre de l’eau, au moment où  l’élément liquide repousse peu à peu le ciel jusqu’à le réduire à un mince filet et le condamne à n’être plus qu’un reflet sur le bassin des nymphéas ; Pissaro préférera toujours la terre ; finalement ces peintres se replieront à l’intérieur des campagnes, dans les chemins creux et les lointains collineux, là où les nuages naviguent et où la lumière conserve une relative stabilité. Boudin ne changera pas, le ciel restera sa grande affaire et, si ce n’est sur le littoral, il quêtera sa présence au bord des fleuves, des rivières, des étangs, et le déclinera autrement en variant ses tonalités. Plus qu'à l'objet représenté, ce seront les reflets qu'il produit qui le captiveront, si bien qu'au bout de son pinceau il tentera de  retenir la fugacité de l'instant, conférant comme un goût d'inachevé à ses dernières toiles.

 

Depuis Trouville, où il posa tant de fois son chevalet, l'oeil de Boudin scrutait les taches de lumière qui papillotaient. Il pouvait donner ainsi libre cours à son plaisir de saisir l’insaisissable, le jeu des nuages, la marée repoussée aux confins des sables : «  De beaux et grands ciels tout tourmentés de nuages, chiffonnés de couleurs, profonds, entraînants. Rien dessous s’il n’y a rien. » - notait-il dans son journal. Les romantiques ayant épuisé le sujet des grands effets, Boudin négligera les éléments déchaînés, les convulsions de la nature, pour nous rendre grâce de la sérénité d’un jour ordinaire. Et les impressionnistes à leur tour emprunteront la voie qu’en précurseur il aura ouverte à leur inspiration.

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Eugène Boudin, le magicien de la lumière
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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 08:59
Claude Monet en Normandie

La Normandie sera  pour Claude Monet sa province de prédilection, celle de son enfance au Havre où son père, négociant, s’installe en famille en 1845, cinq ans après la naissance de Claude, et demande à la municipalité d’accorder une bourse à son fils, visiblement doué pour le dessin. Sa requête sera rejetée. C’est alors que le jeune homme  se recommande comme élève auprès d’Eugène Boudin qui tient un commerce de papetier-encadreur et profite de ses moments de loisir pour les consacrer à son chevalet. Séduit par son travail, Monet lui emboîte le pas : «  J’achetais une boîte de peinture et nous voilà partis pour Rouelles, sans grande conviction de ma part … Boudin installe son chevalet et se met au travail. Je le regarde avec quelques appréhensions, je le regarde plus attentivement, et puis ce fut tout à coup comme un voile qui se déchire : j’avais compris, j’avais saisi ce que pouvait être la peinture ; par le seul exemple de cet artiste épris de son art, et d’indépendance, ma destinée de peintre était ouverte. » - racontera-t-il le 31 août 1911 dans son journal, rendant à Boudin ce qu’il doit à Boudin.

 

 

Ses premières toiles seront les paysages des environs du Havre et de la campagne havraise dont Boudin lui a fait découvrir les charmes et, cette première étape dans son existence d’artiste en herbe, celle de la formation, des rencontres et des amitiés. A cette expérience sur le terrain, il va ajouter, sans plus  tarder, des séjours à Paris afin de former son jugement au contact d’autres artistes auxquels Boudin l’a recommandé et à celui des salons où tout se joue sur le plan du jugement esthétique. Monet fait déjà preuve, dans son courrier, d’une étonnante perspicacité et d’un bon esprit de synthèse et entend  forger son jugement et choisir son style en toute indépendance, ce  qui fera très tôt de lui un chef de file.

 

 

En 1865, l’artiste expose au salon  2 œuvres : « L’estuaire de la Seine à Honfleur » et « La pointe de la Hève à marée basse » et obtient un succès d’estime grâce à ses effets lumineux très personnels. En 1866, il est à Honfleur et y passe l’hiver, soit à l’auberge Saint-Siméon, soit à l’hôtel du Cheval blanc où  il a installé son atelier. Il travaille alors à sa toile « Les femmes au jardin » et « Le chemin enneigé », une vue de la route de Trouville derrière la ferme Saint-Siméon qui prouve son goût de la solitude dans les moments de création et son aptitude à résister aux intempéries en travaillant des heures à l’extérieur et  par tous les temps.

 

La pointe de la Hève, les femmes au jardin et le chemin enneigéLa pointe de la Hève, les femmes au jardin et le chemin enneigé
La pointe de la Hève, les femmes au jardin et le chemin enneigé

La pointe de la Hève, les femmes au jardin et le chemin enneigé

L’année 1870 le mène à Trouville où il se consacre à des sujets assez proches de ceux de Boudin : la plage, l’hôtel des Roches-Noires, les jetées, le port. Monet traverse alors une situation financière difficile. De plus, le 19 juillet, la France déclare la guerre à la Prusse et le 9 septembre Monet ne peut plus payer son hôtel, si bien qu’il part se réfugier à Londres. Néanmoins, ces toiles trouvillaises respirent la gaieté et la joie de vivre. La plage est inondée de soleil, les personnages apparaissent détendus, les robes à crinolines et les drapeaux suggèrent une douce brise. Il semble que le peintre ait fixé le moment où tout se fige en un instantané de bonheur. Mais ces sujets ne font pas moins partie du répertoire de son maître … Ainsi les embarcations à l’entrée des jetées de Trouville/Deauville où l’on saisit les détails de la vie quotidienne, des barques amarrées les unes près des autres, des promeneurs sur la jetée et des laveuses au bord de la Touques, tandis que l’on apprécie la beauté d’une voile orange qui anime l’eau et y suspend son reflet alors que les nuages naviguent en ce double miroir.

L'hôtel des Roches-Noires et la plage de Trouville
L'hôtel des Roches-Noires et la plage de Trouville

L'hôtel des Roches-Noires et la plage de Trouville

à Trouville
à Trouville

à Trouville

L'entrée du port de Trouville

L'entrée du port de Trouville

En 1871, Charles d’Aubigny, peintre confirmé, le présente à Paul Durand-Ruel qui deviendra son marchand attitré et qui, d’emblée, décèle le génie de Monet : « Voilà un jeune homme qui sera plus fort que nous tous. » Mais vivre à Paris ne complaît pas au jeune peintre. Il n’aime guère la vie citadine, redoute d’y perdre sa vérité et sa sensibilité dans un monde où se font et défont si aisément les réputations et les modes. En 1874, aux paysages normands du Havre et de Rouen s’ajoutent ceux de la Seine que Monet va immortaliser avec passion après s’être installé à Argenteuil. Il y évoque volontiers les fêtes au bord de l’eau et les voiliers glissant sur l’onde paisible. Mais cela sera de courte durée. Les années 1880/1890 voient ses retours répétés en Normandie avec des points d’ancrage à Etretat et Pourville et bientôt Giverny, où il s’installera en 1883. Sa situation financière s’étant améliorée grâce aux ventes de Durand-Ruel, il s’achète une jolie demeure qui deviendra son port d’attache afin d’y élever sa nombreuse tribu auprès d’Alice Hoschedé, épousée après la mort de Camille, et qui a elle-même six enfants auxquels s’ajoutent les deux fils de Monet : Jean et Michel. Il lui arrive souvent de consacrer 10 à 12 séances de travail à une seule œuvre et de la parfaire sans cesse en la comparant à l’original : la nature. Ainsi à Etretat où il tente d’innover : « Je compte faire une grande toile de la falaise d’Etretat, bien que ce soit terriblement audacieux de ma part de faire cela après Courbet, qui l’a faite admirablement, mais je tâcherai de la faire autrement. »

 

 

A Rouen, il poursuit son combat contre le temps en saisissant la façade de la cathédrale à toutes les heures du jour alors que la lumière ne cesse de se modifier et de transfigurer ou de dramatiser l’édifice, déployant elle aussi sa palette aux mille et une métamorphoses. C'est en étudiant la nature que Monet avait eu l'idée de ces séries si fameuses comme celles des peupliers, plus tard des nymphéas.  Octave Mirbeau écrira au sujet des peupliers : " J'ai éprouvé là des joies complètes, une émotion que je ne puis rendre, et si profonde que j'aurais voulu vous embrasser.  La beauté de ces lignes, la nouveauté de ces lignes et leur grandeur, et l'immensité du ciel, et le frisson de tout cela ... Vous entendez, mon cher Monet, jamais, jamais, aucun artiste n'a rendu de pareilles choses ; et c'est encore une révélation d'un Monet nouveau ... je suis atterré." Il est vrai que chaque version a sa lumière, son atmosphère ; sur l'une d'elle il y a du vent, sur l'autre du soleil, sur une troisième de la pluie. Au sujet de la cathédrale, Monet choisira une touche rugueuse en écho avec la pierre de l'édifice qui accroche la lumière et la fait vibrer. Ainsi l'artiste transmet-il un sentiment de vie, une impression de mouvement, tandis que la lumière bénéficie de couleurs franches et vives que l'on ne discerne pas réellement dans la nature mais qui paraissent néanmoins naturelles sur la toile. Monet et les artistes impressionnistes perçoivent et peignent la lumière de façon différente de celle des artistes qui les ont devancés, tant ils sont poussés par la quête de la beauté de l'instant et de l'impression reçue.

Par la suite, Clemenceau, son ami fidèle, imposera ses « Nymphéas » à l’Orangerie et s’écriera le jour de ses obsèques en arrachant le drap noir que l’on avait posé sur son cercueil : « Pas de noir pour Monet ! »

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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à Trouville
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